Cap sur le Cap d’Antibes 2/2
La balade architecturale au Cap d’Antibes continue! Toujours en compagnie de Marianne Estène-Chauvin, numéro 1 de l’hôtel Belles Rives, qui aime partage son amour pour cette région qui est la sienne, et l’art.
La Baigneuse : Nous voici devant une sculpture signée Alphonse Grebel ((1885-1968). Cette jeune femme à l’air rêveur, pour ne pas dire timoré, symbolise l’insouciance balnéaire qu’incarnent depuis l’Antiquité les naïades de la mythologie gréco-romaine. Elle offre également un bel exemple du style Art Déco, encore fort présent en France, que ce soit au Palais de La Méditerranée, à Nice, ou au Palais de Chaillot, à Paris.
Pinède Gould : Tel est le nom d’un des jardins les plus prisés de Juan-les-Pins. Un havre de béatitude où les enfants apprennent à faire du vélo avec, en fond des parties de pétanque enflammées, ou des bœufs de jazzmen entraînés par le chant des cigales. Derrière ce paradis vert, deux noms Esclevin et Agard, à qui l’on d’avoir créé la station à l’orée du XXème siècle. Celle-ci s’appelait à l’origine Albany-les-Pins, du nom de l’un de ses actionnaires, le duc d’Albany. Et le malheureux de glisser sur un plancher de tuiles, jusqu’à ce que mort s’ensuive, d’une embolie, dans sa villa Nevada au Cap d’Antibes. Dès lors, la ville fut rebaptisée Juan-les-Pins.
Hôtel Juana : Le premier à occuper cette bâtisse Art Déco (encore et toujours !), « mélange de crème fouettée et de colonnes doriques », s’appelait Alexandre Barrache. Cet industriel russe, exilé en France, commande à l’architecte Georges Diganski un cadre fastueux pour recevoir tout le gratin de l’époque. Office que remplit, dès son ouverture en 1931, Le Juana. L’Aga Khan, le Duc de Windsor, Sir Winston Churchill… Depuis les années 1950, ce sont les plus grands musiciens américains qui s’y bousculent. Et pour cause ! Un festival de jazz se tient chaque année sous ses fenêtres. Marianne Estène-Chauvin en est la propriétaire, depuis 2006. « J’ai eu un coup de foudre pour son splendide ascenseur en fer forgé. Tous les ouvrages sur le style de cette époque y font d’ailleurs référence. »
Hôtel le Grand Pavois : Autrefois, connu sous le nom de Les Ambassadeurs, cet établissement voit le jour en 1932 sous la direction des frères Soskin, ressortissants russes dont l’un ne fut nul autre que l’époux de la grand-tante de Marianne Estène-Chauvin. Le bâtiment est l’œuvre de Georges Diganski, architecte moderniste doué pour associer cubes et carrés, mariage typique du style dit paquebot. Impossible de prendre un verre, comme c’était le cas autrefois, sur la terrasse panoramique. Dommage, mais la sécurité prime !
Villa Aujourd’hui : « C’est la plus glamour des villas de la Côte ! », lance notre guide, Marianne Estène-Chauvin. Le célèbre architecte américain Barry Dierks lui donne corps, en 1938. « Sensuelle », elle s’inscrit parfaite dans le petit port de pêcheurs de l’Olivette. C’est là que Jack Warner, co-fondateur et président de la Warner Bros, résidait. Autrement dit, cette demeure a vu défiler le Tout Hollywood des années 1950. Côté rue, une sirène se dessine au loin ; tandis que côté mer, un temple égyptien semble se profiler à l’horizon. Un Anglais y habite aujourd’hui. Rampe d’escalier en dalles de verre, carrelage noir et blanc, impressionnante hauteur sous plafond, et baies vitrées monumentales… S’agirait-il d’un admirateur d’Andrée Putman, la célèbre architecte d’intérieur ? S’il est un endroit où l’on puisse se faire un film, c’est bien ici !
Villa la Vigie : Lucien Stable aménage ce château néo-médiéval en 1928 pour le milliardaire américain Frank-Jay Gould. Et sa femme Florence de s’en servir comme d’un cabanon. La semaine, celle-ci la passe à Cannes, à la Villa Le Patio, à Cannes ; le weekend, à La Vigie, où elle se rend en bateau. Au programme : au barbecue du dimanche, entre les barbacanes de son donjon moyenâgeux, succède une après-midi de ski nautique devant le Belles Rives. Elle meurt des années après son mari, entourée de ses collections de bijoux et de tableaux impressionnistes. Sa secrétaire particulière en aura la jouissance jusqu’à la fin de ses jours.