Boston, ville piétonne
C’est la plus grande ville du Massachusetts. Pourtant, elle est réputée pour ses petites distances. On dit souvent de Boston que c’est, en ce sens, la destination la plus européenne des États-Unis. Elle tient son nom d’une commune anglaise du Lincolnshire. On l’associe communément à Harvard, l’université la plus prestigieuse au monde, mais aussi à l’un des événements les plus célèbres de la Révolution américaine, la Boston Tea Party. En 1773, certains habitants s’emparent de la cargaison de thé d’un navire britannique et la jettent par-dessus bord. L’année suivante, le gouvernement anglais fait bloquer le port et envoie ses soldats sur place. Des siècles plus tard, nous voilà prêts à découvrir cette ville à pied. Rien de telle qu’une randonnée urbaine pour combattre l’hiver.
Un bien grand mot car en ce mois de janvier 2020, il fait étonnamment doux. Vingt degrés en moyenne pour être précis. Il était question de pluie, de neige, de grêle. « Don’t worry, winter is coming », nous « rassure » le chauffeur de taxi intercepté à l’aéroport, d’où il était, bien entendu, hors de question de marcher. La promenade commence, le lendemain, dans le quartier des musées et des universités. C’est là que résident le Symphony Hall, l’Horticultural Hall, le New England Conservatory, la Northeastern University, le Wentworth Institute of Technology, ainsi que le Massachusetts College of Art, qui ouvre son propre centre d’art contemporain le mois prochain. Nous l’avons visité en avant-première. Guided tour en compagnie de la directrice.
Le Massachusetts College of Art est l’une des plus anciennes écoles d’art des États-Unis, la première à avoir délivré un diplôme dans cette matière. Ses anciennes salles d’expositions (1 400 m2) ont été entièrement rénovées par l’entreprise designLAB et Dimeo Construction, au terme d’une collecte de fonds qui a duré près de dix ans. Le projet, qui a coûté un peu plus de douze millions de dollars, prend la forme d’un musée, terme qui a son importance car « le nom galerie ne valorisait pas autant le caractère professionnel de nos expositions que l’on attribuait instinctivement à nos étudiants, alors que nous avons toujours reçu des artistes internationaux », explique Lisa Tung. La plasticienne portugaise Joana Vasconcelos inaugurera le MAAM avec une installation qui vient compléter sa série de Valkyries. Intitulée Valkyrie Mumbet, elle rend hommage à Elisabeth Freeman, la première esclave noire à avoir revendiqué son indépendance et à l’obtenir au sortir d’un procès.
Huntington Avenue, que la ville a elle-même rebaptisée l’Avenue of the Arts, est le siège du Museum of Fine Arts de Boston. Ses collections ratissent large, de l’art égyptien à l’art contemporain, en passant par la peinture française de la fin du XIXe siècle. À deux pas se trouve l’Isabella Stewart Gardner Museum qui recèle plus de deux mille cinq cents objets (peintures, sculptures, meubles, étoffes, éléments architecturaux, dessins, argenterie, céramique, manuscrits enluminés, livres rares, photographies, lettres…), depuis la Rome antique, l’Europe médiévale, la Renaissance italienne, l’Asie, le monde islamique, jusqu’au XIXe siècle français et américain. Impressionnant !
La visite se poursuit dans le centre. Un véritable mouchoir de poche, comparé aux autres métropoles états-uniennes. Que l’on y entre où non, le Prudential Center est une étape incontournable de ce quartier en cours de piétonnisation. Point de rendez-vous qui fait la fierté des Bostonniens. Un peu plus loin, sur le même trottoir, se dresse l’un des hôtels les plus prestigieux de la ville, le Lenox. Bâti en 1900 par Lucias Boomer, le propriétaire du Wladorf-Asotria de New York, ce palace porte le nom de Lady Sarah Lennox, l’épouse du roi George III qui régna avant et pendant la Révolution américaine. Jalonnée de boutiques de luxe, l’artère parallèle vaut également le détour. Elle se nomme Newbury Street et débouche sur le Boston Public Garden. Là où s’attroupent les enfants s’étire un ensemble de sculptures signé Nancy Schön. Celui-ci représente une famille de canards, héros du livre de Robert McCloskey’s Make Way for Duckling dont l’intrigue se déroule dans le parc.