La plus grande collection de whisky d’Écosse
Cette demeure gothique ressemble plus à une maison hantée qu’à un musée consacré à un alcool typique. On hésite à entrer. La Scotch Whisky Experience s’avère pourtant une étape indispensable dans le cadre d’un parcours gourmand à Edimbourg. Après tout, 2015 incarne l’année de la gastronomie en Écosse. Et que serait un repas sans une bonne eau-de-vie maltée ? C’est décidé, on quitte la Royal Mile pour franchir le seuil de ce centre culturel insoupçonné.
La première impression est souvent la bonne ? Le dicton se vérifie face à un pseudo fantôme. En effet, la visite est menée par un hologramme au prime abord inquiétant, celui d’un homme pourvu d’une moustache et d’un haut de forme. C’est ce drôle de personnage qui accompagne le visiteur dans sa découverte de l’histoire et de la fabrication du scotch écossais (Scotch whisky) ; lui qui rappelle la distinction entre ce dernier, le whisky irlandais (Irish whisky), et le bourbon américain (American whisky). Mieux vaut ne pas avoir peur du noir. On avance à l’aveugle en attendant que la lumière pointe vers une nouvelle attraction.
Un guide – en chair et en os – conduit ensuite les survivants de ce parcours interactif dans une salle presque aussi sombre. Une chambre forte recelant la plus grande collection de whisky écossais au monde. Elle se compose de 3 384 pièces rares, dont il aura fallu une quarantaine d’années au Brésilien Diageo Claive Vidiz pour les rassembler. Parmi ses « crus » préférés, un malt produit pour le centenaire de la Strathmill (distillerie du Speyside, principal centre de production du whisky en Écosse, ndlr). Il en existe 69 bouteilles, dont la plupart reviennent à des chefs d’état internationaux. Autre favorite de Claive Vidiz : l’une des toutes premières éditions spéciales de Scotch Whisky jamais vendues, achetée en 1969 pour 1000 dollars. La plus chère du marché à l’époque. Aficionado du Grand Prix de F1, le collectionneur détient également un Blue Label, édition limitée de la marque Johnnie Walker dédicacée par le pilote colombien Juan Pablo Montoya, juste avant sa victoire sur le circuit, en 2005.
Les moins experts se concentrent généralement sur le design des bouteilles. Certaines épousent la forme d’un gousset, ou d’un jeu d’échecs ; d’autres, celle de sculptures en céramique dont on n’imaginerait pas, a priori, qu’elle contiennent du whisky. Des bornes multimédia favorisent l’initiation à cette pièce maîtresse du patrimoine écossais. Dire que la consommation de scotch s’élève à près d’un milliard de bouteilles, soit deux milliards de livres, par an ! On se trouve, en d’autres termes, face à un véritable trésor.
S’adonner à une dégustation à jeun, c’est bien ; le ventre plein, c’est encore mieux. C’est pourquoi The Scotch Whisky Experience abrite un restaurant. Couronné de multiples prix, The Amber a le mérite de se concentrer sur des produits locaux. Entre le traditionnel Lamb Stovie (ragoût de pommes de terre, ndlr), l’écrasé de courges à l’ail, la terrine maison, la truite panée, et surtout la salade assaisonnée au whisky, on n’est pas au bout de ses surprises.