Bali entre terre et mer
Du bleu. Un bleu infini. C’est la première vision que l’on a en descendant de voiture. On se retourne pour apercevoir une rangée de cabanons en forme d’ogive. En face, des canoës, des avirons, des voiles. A chacun son embarcation. Voilà à quoi ressemble Amed, un des villages de pêcheurs les plus préservés de Bali. On est à l’extrême orient de l’île. Les infrastructures se profilent de part et d’autre de la baie de Tulamben, réputée pour l’épave que dissimulent ses eaux. Non loin de là, refoulé à l’intérieur du continent, derrière le Mont Agung, que l’on discerne au creux de la rive, le Mont Batur offre un site d’escalade renversant. Entre terre, ciel et mer, on se prépare à un séjour exclusif au cœur de l’Indonésie.
L’instructeur commence par expliquer quelques bases de plongée. Les habitués ont le droit de frire au soleil, tandis que les novices se livrent à des exercices dans un bassin voisin. Après une petite demi heure, on se jette littéralement à l’eau. On quitte la surface pour s’enfoncer, bouteille sur le dos, dans les profondeurs de l’Océan indien. Riche en plancton, la baie de Tulamben se décline en divers paysages sous-marins. Au spectacle d’un relief fluctuant – donc fascinant – se mêle un défilé de poissons multicolores.
Tout à coup, le regard s’arrête sur une énorme carcasse de bateau, prétexte initial de l’excursion. Voici donc le fameux Liberty, ce cargo construit en 1918 afin de transporter des marchandises, quoique pourvu de tout le matériel militaire nécessaire pour affronter une guerre. En juin 1942, il est torpillé par les Japonais dans le détroit de Lombok. Il échoue une première fois sur la baie de Tulamben. Dix ans plus tard, le volcan Agung entre en éruption. S’ensuit une coulée de lave qui repousse le navire à 30 mètres de profondeur dans l’Océan indien. Immergée depuis près de 60 ans, l’épave est désormais devenue un immense récif corallien. Aux canons, échelles et bouées, se sont substitués anémones, oursins et algues.
Dans la soirée, deux options se présentent : soit on va se coucher afin d’être en forme pour la suite, soit on reste éveillé jusqu’à ce qu’il soit temps de repartir. Afin d’entamer l’ascension du Mont Batur (1717 mètres) au lever du soleil, il faut se mettre en route à 2h du matin. Le chauffeur attend au pied du luxueux hôtel. Empilés à l’arrière, des sweats, des foulards, des baskets et des lampes frontales doivent contribuer au confort des randonneurs. L’ascension dure quatre heures. On ne voit pourtant pas le temps passer. La vue vaut l’effort. Le plus incroyable, c’est de s’élever vers le ciel en même temps que le soleil. Plus on grimpe plus la lumière s’intensifie. On arrive au sommet pile poile à l’heure du petit-déjeuner, ébloui par l’astre suprême.
L’azur darde ses rayons sur une table nappée de spécialités locales. On peut même faire cuire des œufs sur les roches chaudes du volcan. Petit tour de la crête avant de redescendre. Après 40 minutes, facilitant la digestion, on se plaint d’avoir à redescendre. Quoi déjà ? Oui, mais c’est pour mieux se détendre. Rien de tel qu’un bon massage balinais afin de conclure la matinée.