Retour de Budapest à bord de l’Orient Express
Partir (de Budapest) pour mieux revenir. Bien sûr, le dicton s’en réfère à l’enthousiasme accru que procure un retour. Réflexion faite, l’adverbe renvoie, ou devrait renvoyer, à la qualité du voyage entrepris. Cette qualité, pour ne pas dire luxe ou confort, on les retrouve à bord de l’Orient Express, compagnie légendaire que l’on choisit pour rentrer en France. Rien de tel, en effet, qu’un trajet à bord de ce train mythique pour regagner sa contrée natale. Après quelques jours passés dans la capitale hongroise, on se résout à rentrer, en première classe, à Paris. En voiture, pour une traversée d’exception !
Décor de multiples intrigues policières, dans la littérature ou sur grand écran, l’Orient Express est le terreau de nombreux fantasmes. Qui n’a jamais voulu être accueilli à bord de ce train magique par un steward tout de bleu et d’or vêtu ? Le rêve devient réalité à la Budapest-Keleti palyaudvar. Située dans le huitième arrondissement, il s’agit de la plus grande gare ferroviaire de la ville. Ce qui surprend d’emblée, c’est l’éclectisme de son architecture. La façade principale impressionne par sa hauteur (43 m). Au milieu, gît un groupe de personnages que l’on parierait volontiers mythologiques. Bonne déduction, puisque Neptune et Vulcain encadrent la Vapeur tenant un engrenage. Une sculpture allégorique due à l’architecte Gyula Bezerédi, explique le guide au moment de quitter le groupe. Chacun sa route. Entourés de bois et de vitraux, les guichets sont nettement compartimentés. Au fond du hall central, une arche surmontée d’une magnifique fenêtre-éventail laisse pénétrer la lumière tout en menant aux quais.
Un steward, effectivement vêtu de bleu, vérifie les billets un à un avant de laisser les passagers embarquer. Le raffinement des boiseries, le détail des meubles, la transparence des vitres, la chaleur des couleurs choisies… tout contribue à l’émerveillement des voyageurs. On se déleste de ses affaires dans une suite de deux pièces, l’une abritant des lits surpersosées ; l’autre, un bureau et une paire de fauteuils en velours. Le même confort sévit dans le lounge refoulé au milieu du train. On y est attiré par quelques notes de piano. Un peu plus loin, dans l’un des trois restaurants de l’Orient Express, se profile un énorme buffet. L’heure du brunch a sonné tandis que les machines se mettent lentement, mais sûrement en route. Il faut attendre le café pour voir défiler autre chose que des immeubles à travers la fenêtre. On plonge enfin son regard dans la campagne hongroise avant de le rabattre, le ciel se couvrant, sur un livre.
Le train s’arrête. Le nom de Vienne se libère d’un haut-parleur invisible. La halte dure à peine une demi-heure, le temps de récupérer de nouveaux passsagers en partance pour Paris. Au dîner, on a le droit à un homard fraîchement pêché, accompagné de légumes superposés en mille-feuilles. Place au dessert, un délicieux opéra, dont le nom préfigure le concert à suivre. Le public se divise aux alentours de 22h, dans la joie et la bonne humeur. Le petit-déjeuner est servi aux aurores dans la chambre de chacun. On arrive à Paris à 8h30 tapantes, la ponctualité étant l’un des principaux atouts du train. Adieu l’Orient Express ! Bonjour la Gare de l’Est ! De là, les uns vont travailler, les autres rentrent chez eux profiter de leur(s) dernier(s) jour(s) de vacances.