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Islande : direction le centre de la Terre


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Non loin de Reykjavik, le Thrihnukagigur est un volcan éteint depuis 4000 ans. Le seul volcan de l’île que l’on peut aujourd’hui explorer à la manière d’un spéléologue.

 

Article publié sur Atlantico.fr le 12 avril 2014
 

On va marcher sur la Lune ? C’est une question que l’on pourrait se poser en regardant le Thrihnukagigur à travers le hublot. Quand l’hélicoptère se pose enfin entre deux cratères, sur la chaîne islandaise des Blues Mountains, on nous semble fouler un paysage d’apparence extra-terrestre. C’est ici que réside le Thrihnukagigur, le seul volcan ouvert au public en Islande. Aucune crainte à avoir, il est inactif depuis près de 4000 ans.

 

Volcano Magma Chamber Explored For First Time

 

On pense à la catabase d’Orphée, entres autres héros mythologiques. Sauf que là, on ne risque pas grand-chose. Rien à voir avec les dangers encourus dans la Grèce Antique. Afin de détendre les plus crispés, le guide ironise sur la difficulté à prononcer Thrihnukagigur. Avant d’entamer la descente à l’intérieur du volcan, on abandonne ses baskets pour des chaussures à crampons. Tenue réglementaire mixte. On reçoit son casque et ses genouillères sans broncher, quoique impatient de débuter l’expérience.

 

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On se prépare à une randonnée souterraine d’à peu près une heure, lorsque le premier visiteur se voit propulser cent-vingt mètres sous la surface du sol. Pas de compétences physiques particulières  requises, il suffit de se laisser glisser au bout d’un câble qui, une fois arrivé dans les profondeurs de la Terre, se transforme en une sorte de fil d’Ariane reconduisant les âmes égarées à leur point de départ.   Les femmes d’abord. Et les enfants ? La visite est interdite aux moins de 12 ans. On comprend enfin l’utilité d’être bien couvert. La température a chuté aux confins de la nullité. On entend le frottement de son K-Way contre les parois intestinales de la Terre. Une chambre magmatique ne devrait-elle pas plutôt s’apparenter à une fournaise ? Une fois le volcan éteint, non. L’humidité est palpable. On perçoit aussi le bruit de quelques gouttes tombant sur le haut de son casque. Les lampes torches s’allument au gré de la promenade.

 

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Bien qu’encadré par des experts, on a l’impression d’évoluer seul. Plusieurs mètres séparent les initiés. Devant soi, rien hormis la tête de son prochain. C’est pourquoi les jets de lumière fusent davantage sur les côtés. Les murs semblent tapissés d’or. Il s’agit en réalité d’un dépôt de souffre. À la lueur de chaque torche, leur couleur ocre devient brillante. Ainsi, le vrai trésor est à découvert. Par chance, les photos ne sont pas interdites. On sort l’appareil sans réfléchir à deux fois. Un peu plus loin, des auréoles rouges se mêlent à la palette murale. L’esthétisme des lieux est tel que l’on s’attend presque à tomber sur des dessins préhistoriques. Sauf que personne n’a jamais habité le cœur de la Terre.

 

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Dernière surprise : à côté de la sortie, l’équipe d’exploration attend les randonneurs avec un bol de Kjötsúpa, soupe de viande islandaise. Bœuf ? Agneau ? Impossible à savoir. On avale la mixture traditionnelle quasiment d’une traite tant le temps passe vite. L’heure impartie est écoulée. On se hisse tout doucement vers la surface, tel un plongeur à court d’oxygène. Un léger sifflement dans les oreilles. La tête en l’air, on regarde les nuages valser dans un ciel dégagé. Le choc est tant émotionnel que thermique. Il fait 20°C.

 

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L’aventure rend intrépide. Pas question de rentrer en hélico. Quand on ouvre grand les yeux, une seule envie : se perdre dans le décor. Porté par la nature islandaise, on rejoint la capitale en quarante-cinq minutes. D’un paysage lunaire, que l’on s’imagine volontiers résultant d’une pluie de météores, on passe à une campagne verdoyante et fleurie. Le champ de la capitale s’élargit à mesure que l’on approche de cette mosaïque de toits bigarrés évoquant l’architecture des villages scandinaves.

 

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Retour à la civilisation. Dur de trouver une activité à la hauteur des sensations suscitées par le Thrihnukagigur. On peut toujours se consoler dans les boutiques de Laugavegur, la plus grande artère commerçante du centre ; en mangeant des crustacés sur le port ; en explorant les galeries d’Hverfisgata, le quartier « arty » ; ou en renouant immédiatement avec la nature. Outre les chutes de Gullfoss, refoulées à une extrémité de la ville, on pense au Geysir, un geyser actif de plus de quatre mètres qui donne son nom à tous ceux qui l’entourent. On n’est pas prêt de faire le tour de l’île.

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