Mirage ou miracle en Corée du Sud
Article publié sur Atlantico.fr le 29 juin 2013
Pas besoin de croire en Dieu pour croire aux miracles. Si Moïse a réussi à diviser la Mer rouge, un phénomène semblable sévit chaque année, par deux fois, en Corée du Sud. Au début du mois de mai et au milieu du mois de juin, les eaux de la mer Jaune se séparent et dévoilent une chaussée de 3 kilomètres de long et 40 mètres de large entre les îles de Jindo et Modo. Le chemin vit une heure, le temps pour les habitants des deux îles de se retrouver à mi-chemin et fêter l’événement. Bienvenue au festival « Miracle de Moïse ».
Bien sûr, cet effet de marées qui n’a rien d’une opération Saint-Esprit. Même si son origine pose encore des questions. Fait rapporté en 1975 par un journaliste français, ce double événement naturel devient finalement l’objet d’une manifestation sociale. L’ambiance est à la bonne humeur. Tout le monde se réjouit de voir l’Ancien Testament devenir réalité, les éléments se déchaîner suivant un chemin narratif universellement connu. Les enfants s’éclaboussent dans l’eau, des feux d’artifice se découpent dans un ciel sans nuages, des airs traditionnels coréens conjugués à des éclats de rire retentissent dans les oreilles de chacun. Croyant ou non-croyant, tout le monde est au rendez-vous pour admirer le spectacle d’une mer qui se dédouble.
Il ne manque plus que l’assaut de chars égyptiens pour compléter ce tableau biblique. Ou celui de tigres affamés, puisque lesdites bêtes auraient été les premiers témoins de ce miracle aquatique. D’après la légende, les habitants apeurés de Jindo se seraient réfugiés à Modo pour fuir les fauves, laissant une vielle femme derrière eux. Désespérée, celle-ci aurait invoqué Dieu afin de pouvoir se frayer un passage dans la mer. Son vœu exaucé, elle put échapper à ses prédateurs. Si les facteurs géologiques de ce phénomène demeurent encore indéterminés, son spectacle n’en reste pas moins renversant. Après tout, la science n’est pas affaire de religion et inversement, un miracle ne serait pas un miracle sans son auréole de mystère.