Les visages insolites de la Corée du Sud
Camper dans un temple coréen
S’adonner aux rites bouddhiques ou assister à une séparation des eaux, la Corée du Sud offre un panel d’expériences religieuses et insolites.
Article publié sur Atlantico.fr le 29 juin 2013
Le son des cloches à l’aube, à midi et avant le dîner. Un réveil renversant sur une chaîne de montagnes taillées au couteau. Et puis, surtout, une paix absolue, à l’intérieur comme à l’extérieur. C’est ça le temple stay. Une retraite monastique réservée aux voyageurs en quête de sérénité. Ou simplement d’une nouvelle expérience insolite. Que le ciel soit brumeux ou ensoleillé, qu’il vente, qu’il bruine ou qu’il neige, l’atmosphère du temple où l’on élit résidence demeure immuable. Leur bienveillance n’a d’égale que leur sérénité. Sérénité contagieuse, parce qu’objet d’une quête existentielle, à la découverte du bouddhisme coréen.
Bien plus encore que sur une plage ensoleillée, un séjour aux côté des moines s’avère des plus relaxants. Dans un temple, loin de toute commodité urbaine. Par exemple pendant une journée, voire une semaine d’immersion, au Haeinsa Janggyeong Panjeon, en plein cœur de la péninsule. On y va généralement pour voir le Tripitaka Koreana,81 258 tablettes en bois renfermant l’ensemble des écritures bouddhistes, sans s’imaginer pouvoir y dormir. Et pourtant, ce sanctuaire offre aussi l’hospitalité à ses visiteurs.
Pas le temps de s’ennuyer dans un temple, contrairement à ce que l’on pourrait penser. En témoigne la foule de piétons slalomant entre pavillons bleu-vert, statues en or, fontaines de pierre, et parterres de fleurs. Pas un visage qui ne rayonne. La méditation fait son effet. Pourquoi s’en priver ? Choisir de vivre parmi les moines du Haeinsa, c’est s’engager à respecter leurs rites et coutumes à la lettre.
Preuve que l’on est bien des leurs, l’uniforme imposé dès le premier jour. La règle d’or : savoir se faire discret. Autrement dit, opter pour des tons neutres, ne pas hausser la voix, ni se tenir la main.
Interdiction absolue de pénétrer dans le hall après avoir consommé de l’alcool, cela va de soi. Et interdiction absolue de pénétrer dans le hall après avoir consommé… de la viande fumée, il faut se faire une raison.
Mais ce temple stay ne participe pas uniquement de contraintes. Le but de pareille expérience étant avant tout de chasser le stress au profit d’un calme réparateur. Pour ce faire, il suffit de se laisser docilement initié aux traditions bouddhistes, à commencer par quelques heures de méditation, seul ou en groupe. À cette non-activité s’ajoute un – et oui un seul – repas monastique et une cérémonie du thé durant laquelle un praticien convertit la poudre d’une plante verte en boisson chaude à partager en petit comité.
Et puis il y a le rite des 108 prosternations, une longue série de génuflexions, qui présente l’avantage d’améliorer la concentration et la circulation du sang, chassant par là-même tensions et angoisses. De même, les instruments locaux dont on apprend à jouer représentent une source de relaxation efficace. Enfin, on peut également apprendre à fabriquer une lanterne, à allumer le jour de l’anniversaire de Bouddha, mi-mai. Sur place, ou plus probablement chez soi, en souvenir de cette expérience insolite.