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Exploration en Bolivie : du sel à l’argent


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La merveilleuse cité d’argent

 

Dans les hauteurs de la cordillère des Andes, Potosí, forte de ses mines d’argent, était autrefois la ville la plus riche d’Amérique. Aujourd’hui, le salar d’Uyuni, le plus grand du monde, attire par sa géologie et ses ressources de lithium.

 
Article publié sur Atlantico.fr le 2 mars 2013
 

Pendant des décennies, on l’appelait l’Eldorado. On disait qu’elle était le plus grand complexe industriel du monde. La rumeur animait les rues espagnoles. On imaginait ses trésors. On s’extasiait de ses richesses. On contait les aventures des conquistadors, partis affronter la jungle tropicale vers cette merveilleuse cité d’or. En réalité, Potosí était une cité d’argent. Une très riche cité d’argent, ville la plus peuplée d’Amérique il y a quatre siècles.

 

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Fondée en 1545 dans les hauteurs de la cordillère des Andes, Potosí devient très rapidement une énorme source de revenus pour l’Europe. Ceci grâce à l’Espagne, qui envoie ses esclaves africains et autochtones au fond des mines d’argent du Cerro Rico, dont les 4 824 mètres dominent majestueusement la ville et la région. Tandis que les uns frappent, façonnent le métal ; les autres fouillent, grattent sans relâche. Beaucoup se tuent à la tâche. La population ouvrière est toutefois tellement importante que Potosí se peuple et s’enrichit au point de concurrencer la fastueuse Mexico. Les rumeurs de l’époque insinuaient que la quantité d’argent extrait des mines aurait suffi à construire un pont du Nouveau Monde à la péninsule ibérique. Le souvenir de cette richesse persiste encore dans la langue espagnole, à travers l’expression No vale un Potosí (« ça ne vaut pas un Potosí »). De son équivalent français, « c’est pas le Pérou ! ».

 

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La période de prospérité ne dure pas, mais laisse des traces indéfectibles. Déambuler dans les étroites rues piétonnes de la ville permet d’observer ces maisons bigarrées et habillées de jolis balcons en bois, symboles de la puissance coloniale. Sur la place principale ou devant les nombreuses églises et cathédrales, la présence espagnole se fait sentir avec encore plus d’intensité. Son architecture et son histoire valent d’ailleurs à la ville son classement au patrimoine mondial de l’Unesco.

 

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Presque palpable, le souvenir des mines pèse dans toute la région. Dans la Casa de la Moneda (« Maison de la monnaie »), impressionnant édifice de pierre et principal musée de la ville, qui témoigne du travail du métal, de la frappe des pièces de monnaie et des conditions éprouvantes affligées aux esclaves par les Espagnols. Mais surtout en dehors de la ville, sur les pentes du Cerro Rico, où  les monuments industriels étaient alimentés en eau par un système complexe d’aqueducs et de lacs artificiels. Un puzzle toujours en place aujourd’hui, de même que certaines galeries des mines, qui permettent de mieux s’imprégner de l’ambiance de l’époque.

 

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Mais dès le XIXe siècle, Potosí perd de son aura. L’argent se raréfie et la ville entame son déclin économique. La cité reste convoitée, notamment par l’Argentine, jusqu’à son indépendance totale en 1825. La production de monnaie s’étiole alors lentement et Potosí entre dans l’anonymat.
Deux siècles plus tard, toujours nichée à 4 070 mètres d’altitude, elle reste l’une des villes les plus hautes de la planète. Et sa renaissance, grâce aux visiteurs avides d’histoire et de grand air, lui permet, de nouveau, de dominer de toute sa hauteur un riche passé aussi atroce que prospère.

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