Muser à Berlin
Article publié sur Atlantico.fr le 18 août 2012
Les mélomanes y vont pour passer une ou deux soirées magiques à l’opéra ; les historiens y courent pour en admirer l’architecture ; les jeunes y volent pour enflammer les boîtes de nuit. À Berlin, il y en a pour tous les goûts, toutes les passions. Tour à tour capitale de la Prusse et de l’Empire allemand, cette ville a subi de nombreuses métamorphoses au fil des ans. Partagée en quatre secteurs d’occupation après 1945, elle est désormais l’un des centres les plus « branchés » d’Europe. Libre depuis 1990, elle compte désormais 3,5 millions d’habitants dont 200 000 Turcs. Un brassage démographique qui explique en partie sa richesse culturelle. Or parmi tous les centres d’activités qu’offre Berlin il fallait bien en choisir un. Ce sera donc l’art, le septième, pour être tout à fait exact.
Rapide tour d’horizon, avant toute chose. Quand l’appel du tourisme est trop fort, autant ne pas y résister. Voici donc les quelques sites à ne pas manquer. Le Bundestag, ancien Reichstag où siège le gouvernement actuel ; la porte de Brandeburg, symbole de l’Allemagne réunifiée ; la Potsdamer Platz, centre plus moderne ; l’avenue Unter Den Linden, bordée de monuments historiques ; la Cathédrale de Berlin ; la place des Gendarmes ; le kurfurstendamm, où subsistent les ruines de l’église du Souvenir, endommagée pendant la seconde guerre mondiale ; le célèbre KaDeWe (Kaufhaus des Westens), soit le plus grand magasin de l’Europe Continentale, etc., etc. Sans oublier l’Opéra où les amateurs de musique se font un devoir d’aller.
Si Berlin n’est pas une péninsule, au sens géographique du terme, il flotte sur un océan d’artistes. Rangée parmi les ensembles muséologiques les plus importants du monde, son « île des musées », pentagonale, appartient au patrimoine de l’Unesco. Restauré et ouvert au public le 19 octobre 2006, le « musée Bode » possède l’une des plus grandes collections de sculptures du monde, des joyaux de l’art byzantin et quelque 150 tableaux. Large gamme archéologique au musée de Pergame, qui renferme l’autel de Milet et la porte d’Ishtar à Babylone. Conçu par l’architecte américain Daniel, le musée juif trône, quant à lui, sur la Lindenstrasse. À l’extérieur, brisures, zigzags et arêtes, évoquant une étoile de David brisée. À l’intérieur, livres, documents d’archives et objets de culte retraçant les deux millénaires de la communauté juive à Berlin et en Allemagne. S’ensuit la « nouvelle Synagogue », longtemps considérée comme l’édifice religieux le plus somptueux de Berlin, jusqu’à sa profanation par les nazis lors de la Nuit de cristal du 9 Novembre 1938. Reconstruite partiellement après la chute du mur, celle-ci pèse lourdement sur la mémoire collective, parfois fuyante. Plus impressionnant encore : le Mémorial de l’holocauste. Inauguré le 10 mai 2005, ce champ de stèles grises -2711 exactement- se pose comme un grand point d’interrogation, réveillant des questions laissées depuis longtemps sans réponse. Bouleversant !
Voilà pour le Club des cinq berlinois. Pour une approche plus contemporaine de l’art, préférer les galeries Alexander Ochs and Hoffmann et Potstbahnof, par exemple. Logée dans un bunker, la célèbre collection privée de Christian Boros fait également son effet. À cela s’ajoute, la Daimler Art Collection ou la villa Liebermann excentrée dans un magnifique jardin ou encore La Neue Nationalgalerie, abritant des chefs d’œuvres de l’expressionnisme allemand, du cubisme, du Bauhaus et du surréalisme.
L’Italie n’a qu’à bien se tenir ! Pourtant, même en ayant réservé dans un hôtel de choix, l’Hôtel de Rome Rocco Forte, au hasard, préparer son voyage à Berlin reste tout un art.